Miss.Tic, Mur Oh Féminin

Publié le par Frédéric Bargeon

Tout a commencé il y a plus de 20 ans.


Des silhouettes de femmes langoureuses, tendres et provocatrices, fébrilement indépendantes, s’exhibaient sur les murs de la capitale…des graffs d’un autre genre. Ces pochoirs, aux traits délicats jouant avec les aspérités de la matière brute, évoquent tour à tour, la femme-objet de l’appétit masculin, la femme-image sensuelle de la publicité, la femme inaccessible et autonome assumant une féminité revendiquée. Séductrices, esthétiques rendues presque vivantes grâce au dynamisme palpitant de leurs contours, ces femmes ont construite la renommée artistique de la graffeuse Miss.Tic.


Derrière ce pseudonyme aussi attractif que ses dessins, évolue une femme ardente, originale, jouant ce jeu de cache-cache entre personnage imaginaire, théâtral et une artiste bien réelle. Regard magnétique, élégance excentrique, bouillonnante d’émotions Miss.Tic ressemble à une icône artistique qui, sans être la prolongation involontaire de ses œuvres, est la synthèse subtile et maîtrisée d’une intimité que l’on suppose complexe et précieuse, son personnage de scène et ses œuvres reconnues. Voilà une épatante destinée ! Miss.Tic hors la loi, habillant les murs de la cité d’un érotisme à demi mots, devenue Miss.Tic honorée, et comme ses femmes-pochoirs, désirée et désirable.


Dans cette nouvelle exposition, « Go Homme », Miss.Tic est révolutionnaire, extravagante. Elle invite l’homme à rejoindre la femme dans l’ensemble de ses œuvres, pour la première fois ! Même traits limpides, pudiques et esthétiques. Dans des mouvements langoureux, joyeux, légers, l’homme et la femme jouent les enjeux de la séduction, telle une danse-drague, où les rôles de chacun ne sont pas aussi déterminés qu’ils en ont pourtant l’air.



































La femme n’attend pas, elle prétexte l’attente. La femme est déterminée, elle ne se soumet pas au désir de l’homme. Elle semble, dans ses attitudes corporelles, lui dire : « Soit créatif Homme ! »


L’univers de Miss.Tic, c’est aussi des mots expressifs agissant comme des phrases-totem. Ces dernières s’emparent de l’espace et s’immiscent dans le dessin, comme le khôl vient rehausser un regard déjà profond.


Les tableaux présentés dans la galerie Lelia Mordoch exploitent plusieurs supports. Les palettes de bois, les plaques de fer rouillé rappellent incontestablement le mur et ses aspérités imparfaites. La main de l’artiste maîtrise ces impuretés, les tâches, les protubérances, tous ces petits « déchets » qui rendent les corps vivants, expressifs, concrets. Et c’est dans le choix de ces diverses matières que tout le talent de Miss.Tic perdure et existe. Un lien essentiel entre la rue et l’immensité de ses murs et la « toile » et son espace contraignant.


A découvrir jusqu’au 11 juillet 2009, Galerie Lelia Mordoch, 50, rue Mazarine 75006 Paris.


Le site de la galerie Lelia Mordoch : http://pagesperso-orange.fr/lelia.mordoch.galerie/

Le site de l’artiste : http://www.missticinparis.com/

                                                                                                  Frédéric Bargeon

 

Publié dans Cultures actuelles

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